Le rédacteur en chef du canard où nous étions journalistes étant un grand malade, il nous a imposé d’écrire un fait divers sur une feuille où il avait collé un certain nombre de mots découpés. Il fallait bien sûr les utiliser dans l’ordre !
(Espèce de pervers ! Me plaindrai à mon syndicat.)
Mots imposés :
cabaret, brebis pleine, surprendre, contre le pétrole, printanières, départementale, cannabis, j’adorais, jazz, 4 t.
Samedi en fin de soirée, au nouveau cabaret-pub écossais de la ville, deux bandes rivales se sont affrontées pour la possession d’une brebis pleine destinée à la préparation d’une nouvelle version de la célèbre recette de panse de brebis farcie.
Son propriétaire qui n’avait rien à voir dans cette affaire s’était laissé surprendre dans une manifestation organisée l’après-midi par un groupuscule militant contre le pétrole.
La perte de cette brebis et de son futur agneau allant entraîner une chute de ses ressources printanières, l’homme entra dans une colère terrible et provoqua les deux bandes qui le rejoignirent sur la route départementale proche, oubliant pour un temps leur querelle face au même ennemi.
Mais l’homme n’avait pas joué ses dernières cartes. Producteur clandestin de cannabis, il sut les appâter et les embobiner en leur offrant une partie de fumette gratuite. Quand ils furent hors d’état de lui nuire, il les dénonça à la police.
« J’adorais l’ambiance de ce cabaret, avoua-t-il lors de l’interrogatoire, bien qu’on n’y jouât que du jazz à la cornemuse. Mais je n’ai pas supporté l’humour de ces gars, aussi pesant qu’un 4 t. J’espère que vous les tiendrez à l’ombre assez longtemps pour leur apprendre à vivre. »