Les ateliers d'écriture ont repris.
Lors de la dernière séance du module "Écrire une nouvelle", nous avons abordé la création de personnages. Voici le premier jeu proposé.
La consigne : choisissez un couple parmi ceux proposés qui ont été relevés dans les publications de bans de mariage. Imaginez leur première rencontre. Donnez des détails physiques, écrivez quelques échanges (dialogues)
Le couple choisi : Christophe, préparateur de commandes, et Napasson, coiffeuse.
Christophe n’avait jamais été un cador à l’école. Toujours avec les cancres, il avait vite sauté sur l’occase de partir en apprentissage pour quitter le collège.
À 18 ans, il prit le premier boulot venu : il voulait être indépendant et vivre avec Marilyn, blonde décolorée qui travaillait au salon de coiffure « Moderne coupe ». Il était devenu préparateur de commandes et avait dégoté un studio au dernier étage d’un immeuble situé rue des Lilas.
Ça faisait trois ans qu’il était à la colle avec Marilyn et leur couple allait cahin-caha. Il faut dire qu’elle n’était pas fute-fute Marilyn et ne ratait pas une occasion de sortir une connerie. Mais bon. Il s’y faisait et puis elle était suffisamment bonasse pour attirer quelques regards appréciateurs.
Un jour, Christophe était passé la chercher au salon. Et là, boum ! C’est Napasson qui l’avait reçu. D’origine asiatique, les cheveux noirs de jais et les yeux intensément bruns, Napasson lui avait posé des questions d’une voix douce et suave. Christophe avait du mal à articuler le moindre mot. Son cœur cognait dans la poitrine et aucune pensée cohérente n’arrivait à se former sous son crâne. Napasson emplissait tout l’espace qu’il avait entre ses deux oreilles.
Puis, Marilyn était arrivée et, de sa voix pointue, l’avait tiré de sa rêverie : « Qu’est-ce que tu fous ? On y va ou on reste plantés là comme deux quiches ? ».
Il avait alors dû détacher son regard de celui de Napasson, à contrecœur, pour suivre celle qui lui apparaissait désormais comme une poissonnière.
Christophe perdit l’appétit, le sommeil, le goût de vivre ; Napasson emplissait toutes ses pensées. Au bout de deux semaines, il retourna au salon « Moderne coupe », durant le jour de repos de Marilyn. C’est Napasson qui vint lui ouvrir. Il lui demanda un rendez-vous privé après son travail.
Ils se retrouvèrent à la terrasse du café situé en face du salon. Napasson dévisageait Christophe sans mot dire.
Christophe lui prit la main et murmura : « Je suis fou de toi. Tu m’as ensorcelé et je ne peux plus concevoir ma vie sans toi à mes côtés ».
Napasson lissa ses beaux cheveux bruns et sourit, mystérieusement. C’était la première fois qu’un homme lui faisait une telle déclaration aussi rapidement. En passant tendrement son doigt sur le visage de Christophe, Napasson dit : « Je crois avoir trouvé mon âme sœur ».
Le cœur de Christophe fit un bond dans sa poitrine et il embrassa Napasson sur les lèvres, faisant fi des regards désapprobateurs des passants, outrés que deux hommes puissent se donner ainsi en spectacle.